vendredi 11 mars 2011

Embryon 06

Genre : Biographie.

Sous-genre : Autobiographie.

Ce serait l’histoire de celui qui la raconte, subjective et inexhaustive.

Elle devrait s’adapter au format de son support. Une page par année, pleine. Et dans la limite des souvenirs directes de l’auteur (sans pouvoir se renseigner).

Toute hiérarchie des évènements serait impossible. La contrainte d’espace, une règle absolue. Les années / pages sans importances devraient être remplies à craquer du peu de souvenir qu’elles contiennent. Les grandes années, bourrées d’évènements et d’aventures seraient bien obligées de se condenser dans trop peu de lignes. Il faudrait rendre au temps sa linéarité artificiellement mathématique.

On ne pourrait pas l’écrire au fur et à mesure. Elle sortirait d’un bloc : 30 pages à 30 ans, 50 à 50 ans, 10 à 10 ans.

La rétroaction serait interdite. On ne peut savoir à 30 ans ce que l’on aurait écrit à 25 et sûrement pas à 20 ou 10.

Si toutefois on voulait l’écrire plusieurs fois, tous les 10 ans par exemple (ou quand on en ressent le besoin), on devrait tout réécrire, et pour ne pas tricher, ne pas relire, jamais, ce qu’on a écrit la fois précédente.

On aurait, à la fin, une somme de vie, plusieurs fois sa vie, vue sous différents angles temporels. Et ainsi peut être, parviendrait on à créer une image immortelle de nous même.

samedi 5 mars 2011

Embryon 05

Classification.

Genre : Littérature française dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs.

Temps : de nos jours.

Espace : Paris… Paris… Paris…


Le club.

Ce serait avant tout l'histoire d'un club, une association qui se passerait d'autre nom, de nom tout court. Ceux qui en ferraient parti sauraient simplement qu'ils en sont ; et rien d'autre. Ils passeraient leur semaine à travailler, à brasser du vent et de l'argent, à gérer des flux de vide numérisé, à empiler des données. Puis ils se retrouveraient tous les week-ends, pour jouer à la vie, s'inventer des histoires, des situations socialement complexes qui les prendraient aux tripes.

Ainsi, chaque membre du club se retrouverait avec un rôle, interchangeable, à jouer dans une histoire, sans fin, ridicule comme un scénario de film français où de mauvais acteurs font semblant de s'aimer et de pleurer.

Le club serait un jeu de rôle malsain, il ne serait pas là pour divertir ou simplement faire passer le temps. Il serait là pour permettre à une génération de petits bourgeois de vivre quelque chose, de ressentir. La trahison, l'inquiétude, la manipulation, la passion qu'est-ce ? Deux individus sans importance qui créent un lien social de l'un vers l'autre, lui attribuent une signification, en font des sentiments, des souvenirs.

Le besoin de socialisation et d'aventure une fois théorisé, psychanalysé, n'est qu'un besoin comme un autre, qu'il faut gérer et assouvir. Le club est la solution.


Comme un roman de Philip K. Dick.

On ne pourrait pas raconter l'histoire du club en parlant du club, il n'a pas de lieu, ni vraiment de temps, personne ne le nomme, aucun groupe Facebook ne le défini. On ne pourrait que décrire ses membres, des êtres vides, aliénés, capables d'une froideur de C++ durant la semaine et d'une émotivité d'érotomane nymphomane durant les quelques heures qu'ils passent avec ceux qu'ils appellent leurs amis.

Ils auraient des noms, mais avec autant de valeur que ceux que l'on donne aux meubles de son salon Ikea ou à son réfrigérateur. Des noms d'animistes.

Pour décrire leurs actions, il faudrait que la narration se colle à eux comme du plasma tiède. On ne pourrait évidement pas adopter leur point de vue, subjectif, mais on pourrait les décrire comme le ferrait un physicien passionné d'une toute nouvelle particule, qui résoudrait tous les problèmes.


Des couches d'intrigues.

Première couche : Les intrigues individuelles de chacun des membres. Elles sauteraient de l'un à l'autre sans raisons apparentes (ni raisons transparentes d'ailleurs).

Deuxième couche : Les intrigues des groupes. Les couples, les cercles, les amis contre les connaissances. Les points de départ de leurs liens sautant sans cesse d'un membre à l'autre, elles seraient impossible à suivre, clignotantes comme un stroboscope à fréquence aléatoire, éclateraient sans cesse, seraient irrésolubles.

Troisième couche : L'intrigue du club. Comment disséminer son existence dans l'histoire sans jamais le nommer, ni le définir, sans l'affirmer. Il faudrait qu'on le comprenne sans le savoir, qu'on l'entende sans qu'il soit produit.

Quatrième couche : Quel est l'intérêt de raconter cette histoire ? Parfois il faut se poser ouvertement la question. La tentation d'arrêter à tout moment de raconter l'histoire d'une génération sans intérêt doit être toujours palpable.

Embryon 04

Classification.

Genre : histoire(s) d'amour(s)

Temps : de l'apparition de la vie sur terre à nos jours.

Espace : dans une société judéo-christianisée.


L'idée

Ce serait mille histoires d'amour alignées les unes derrières les autres comme les couples sur les places mitoyennes du R.E.R.

Ce serait raconté à la troisième personne, objectivement. Toutes les histoires d'amour paraissent exceptionnelles à ceux qui les vivent ; ceux qui affirment le contraire ne le font que par cynisme. En réalité, il n'y a qu'une histoire d'amour, multipliées comme les instances d'un même objet préprogrammé. On en modifie chaque fois quelques variables. On en active quelques booléens. Mais au fond.

La première histoire serait celle de la première créature à gamètes. Celle de l'espèce mythique qui pour la première fois a eu besoin de l'autre pour perdurer, est passée de l'autocréation à la procréation.

Le second évènement marquant occuperait peut être la centième place. Ce serait l'histoire du premier animal homosexuel à aimer l'autre tout en comprenant que toute procréation serait impossible. Le premier à aimer pour créer (quoi ? un lien, une relation, le contraire de la solitude) plutôt que procréer.

Ensuite il n'y aurait plus rien d'intéressant. L'histoire ne ferait que se répéter, des centaines de fois, dans ses infinités de variations infimes, jusqu'à épuisement.