mardi 18 octobre 2011

Embryon 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18

10. Il faudrait écrire un roman tellement violent que le lecteur en ressentirait la douleur.

11. Il faudrait écrire un roman tellement répugnant que le lecteur en vomirait.

12. Il faudrait écrire un roman mortifère qui tuerait vraiment.

13. Il faudrait écrire un roman bien chiant pour les insomniaques.

14. Il faudrait écrire un roman qui se lit en un trajet de métro.

15. Il faudrait écrire un roman érotique (au moins un).

16. Il faudrait écrire un roman tellement triste que le lecteur ne pourrait plus le lire entre ses pleurs.

17. Il faudrait écrire un roman qui permette de s’abstenir de vivre.

18. Il faudrait écrire un roman.

dimanche 19 juin 2011

Embryon 09

« Ce n’est pas si simple, dit-elle. Il ne suffit pas d’un coup de dé pour savoir ce qui se passe ensuite ».

Mais il y aurait un médium. Une trace ésotérique dans chacun d’eux qui les lierait aux autres. Un code.

Un système de paragraphes mis les uns derrière les autres dans un ordre pseudo-aléatoire.

Ce serait un livre. Une histoire fragmentée en paragraphes de tailles variables, comme les données d’un programme linéaire sur un vieux disque-dur avant défragmentation.

Ce serait un livre dont vous estes le cerveau. Il faudrait passer ses pages au peigne fin pour y récolter l’histoire, en bribes. Les agréger dans sa mémoire. En faire un ensemble sensible.

Ce ne serait pas une énigme numérique. L’ordre n’aurait pas d’importance. Ils seraient disposés de manière à ce que seule une vision globale soit compréhensible.

Un livre comme une immense feuille blanche sur laquelle on aurait éclaboussé son récit avant de la plier n’importe comment et de la brocher. Un roman de Burroughs.

Toute exploration linéaire serait impossible.

jeudi 26 mai 2011

Petite digression

L'e-G8 n'est pas fini mais j'ai déjà trouvé la solution donc je la dis (en attendant l'article complet).
Nouveau système de diffusion des livres : un abonnement (max 5€ par mois) qui donne accès à tous les livres numérisés.
On redistribue entre les auteurs en fonction des consultations.
J'attend la lettre de remerciement de Mitterrand (le neveu).

lundi 23 mai 2011

Embryon 08

Il faudrait composer une somme.

Un livre qui dirait tout d’un monde orbitant autour d’un simple « je », humble, qui ne serait rien d’autre qu’un centre arbitraire dans un système infini.

Un livre que l’on pourrait lire une page après l’autre comme un roman. Ou que l’on pourrait attaquer par n’importe quel bout comme un dictionnaire.

Un essai sociologique de fiction. Un scénario de la réalité.

Embryon 07

Anticipation d’une révolution économique basée sur le coton-tige.

Après des années de crise financière dont la fin, sans cesse annoncée, n’arrivait jamais, un gérant de superette trouve une solution pour faire entrer la société dans la décroissance.

L’idée lui vient en constatant que ses clients ouvrent les paquets de coton-tige dans les rayons pour en voler quelques-uns. Ce qui l’étonne c’est qu’il se dit que : tant qu’à voler, autant voler les boites entière. Mais que ferrait ses mamies et ses jeunes mères de famille de kilo de coton-tige ?

Il décide d’ouvrir tous les paquets et de les laisser à la disposition des clients. Sans toutefois indiquer trop clairement qu’ils peuvent se servir gratuitement, de peur que son assureur ne le lâche.

L’initiative attire une quantité toujours plus grande de clients qui ne prennent chacun qu’une dizaine de coton-tige, sans boite. Lorsqu’un produit est donné gratuitement et continuellement on ne ressent pas forcement le besoin de s’en constituer un encombrant stock dans sa salle de bain.

Ces ventes explosent quelques temps mais ses fournisseurs (surtout de coton-tige) lui appliquent des tarifs indécents pour rembourser leurs dettes. C’est le seul magasin qui continue à acheter. Lui, s’endette de plus en plus. Mais foutu pour foutu il décide de mettre tous ses produits en libre-service. (Quand on a 500 000 euros de dettes on est plus à ça prêt).

Ce qui se passe : Les autres magasins engagent des détectives privés pour connaitre son secret (son magasin est toujours plein) mais ne les croient pas lorsqu’ils reviennent avec leurs histoires de coton-tige.

Si il y a des méchants : ce seront forcément des banquiers, des assureurs, des notaires, des actionnaires, des traders… des méchants quoi.

Points de vue possible :

- un détective des galeries Lafayette.

- le magasin lui-même.

- le gérant.

- la caissière.

- le punk qui fait la manche à l’entrée.

Etc.

· La caissière : Vers le milieu de l’histoire elle se demande pourquoi elle passe encore toutes ses journées derrières son tapie-roulant alors que plus aucun client ne paye et qu’elle-même pourrait très bien se servir gratuitement.

C’est le moment où le gérant se retrouve confronté à un problème majeur : comment rendre accessible les haricots en boite sans que les clients ne dégueulassent tout le magasin avec le jus.

Il lui explique tout simplement qu’un magasin sans gentille caissière qui colporte les ragots du quartier ça n’a pas de sens. Il double son salaire. Mais elle se dit que de toute façon elle n’a rien de mieux à faire de ses journées.

· Un huissier vient un jour pour estimer le prix du magasin et de son stock, en vue d’une liquidation judiciaire. Mais voyant les gens heureux se presser aux portes, la caissière enjouée et le gérant l’accueillir à bras ouverts, il se trouve bien disposé.

Il presse le gérant de question : « pourquoi se suicidé économiquement de la sorte ? ». Le gérant répond : « foutu pour foutu ».

Et l’huissier estime le prix du magasin inférieur à ses honoraires. Les créanciers abandonnent les poursuites. Eux aussi se disent « foutu pour foutu ». D’autant que la plupart n’ayant pas été payé depuis plusieurs mois viennent faire leur course dans le magasin en question.

· Le libraire voisin est le dernier spécimen d’une race presque éteinte. L’industrie du livre s’est effondrée. Il n’y a quasiment plus de nouveauté sur ses étagères et toutes sont écrites par les membres de l’académie française qui commence à dangereusement se vider faute d’auteurs pour occuper les sièges vacants.

Lorsque la dernière imprimerie française ferme ses portes, il propose au gérant de lui vendre les murs. Mais ce dernier lui propose plutôt de l’embaucher et de conserver la librairie. Sauf que les livres seraient gratuits. Il lui dit bien que, par contre, il ne pourra pas le payer mais que comme tout le monde, il pourra se servir dans le magasin.

En fait ça ne changeait rien.

Le libraire accepte. Ces seules dépenses étant son loyer, et comme son propriétaire s’est suicidé lors de l’effondrement des prix de l’immobilier et que ses héritiers légitimes et illégitimes n’ont pas fini de s’entre-tuer, il est encore tranquille pour quelques années.

· Pendant ce temps-là, un paysan s’ennuie ferme. Il regarde ses stocks d’aubergine moisirent. Les transporteurs chargés de faire le lien entre les agriculteurs et la coopérative sont en cessation d’activité à cause de la hausse des prix du carburant.

Il demande à sa femme (qu’il a rencontré grâce à une émission de télé-réalité) ce qu’il pourrait bien faire. Elle propose un tour en ville. Ils s’arrêtent dans le magasin, où le gérant propose un concours : « patate gratuite à vie à qui trouvera le moyen de distribuer les haricots en boite sans dégueulasser le magasin. Le paysan trouve la solution : « j’en ai des tonnes moi de haricots et ils ne sont pas en boite. Ils pourrissent juste dans ma grange. Vous n’avez qu’à distribuer ceux-là. »

Reste le problème du transport. Le gérant propose un nouveau concours, remporté par le propriétaire d’un haras ruiné par le manque d’intérêt pour les courses de chevaux depuis que plus personne n’a les moyens de parier.

Et ainsi de suite de concours en concours, alors qu’il n’y a rien a gagné, tout un système économique se créé. Et le magasin perdure et s’agrandit même au grès des faillites des enseignes voisines.

La fin : Jusqu’au jour où se produit une pénurie internationale de coton-tige. Tout le monde devient sourd avant d’avoir pu entendre l’annonce du concours « comment remplacer les coton-tige ? ». Incapable de s’entendre les Hommes se battent, deviennent cannibales et sombrent dans le chaos le plus élémentaire.

Ou toute autres fins qui vous plaira.

vendredi 11 mars 2011

Embryon 06

Genre : Biographie.

Sous-genre : Autobiographie.

Ce serait l’histoire de celui qui la raconte, subjective et inexhaustive.

Elle devrait s’adapter au format de son support. Une page par année, pleine. Et dans la limite des souvenirs directes de l’auteur (sans pouvoir se renseigner).

Toute hiérarchie des évènements serait impossible. La contrainte d’espace, une règle absolue. Les années / pages sans importances devraient être remplies à craquer du peu de souvenir qu’elles contiennent. Les grandes années, bourrées d’évènements et d’aventures seraient bien obligées de se condenser dans trop peu de lignes. Il faudrait rendre au temps sa linéarité artificiellement mathématique.

On ne pourrait pas l’écrire au fur et à mesure. Elle sortirait d’un bloc : 30 pages à 30 ans, 50 à 50 ans, 10 à 10 ans.

La rétroaction serait interdite. On ne peut savoir à 30 ans ce que l’on aurait écrit à 25 et sûrement pas à 20 ou 10.

Si toutefois on voulait l’écrire plusieurs fois, tous les 10 ans par exemple (ou quand on en ressent le besoin), on devrait tout réécrire, et pour ne pas tricher, ne pas relire, jamais, ce qu’on a écrit la fois précédente.

On aurait, à la fin, une somme de vie, plusieurs fois sa vie, vue sous différents angles temporels. Et ainsi peut être, parviendrait on à créer une image immortelle de nous même.

samedi 5 mars 2011

Embryon 05

Classification.

Genre : Littérature française dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs.

Temps : de nos jours.

Espace : Paris… Paris… Paris…


Le club.

Ce serait avant tout l'histoire d'un club, une association qui se passerait d'autre nom, de nom tout court. Ceux qui en ferraient parti sauraient simplement qu'ils en sont ; et rien d'autre. Ils passeraient leur semaine à travailler, à brasser du vent et de l'argent, à gérer des flux de vide numérisé, à empiler des données. Puis ils se retrouveraient tous les week-ends, pour jouer à la vie, s'inventer des histoires, des situations socialement complexes qui les prendraient aux tripes.

Ainsi, chaque membre du club se retrouverait avec un rôle, interchangeable, à jouer dans une histoire, sans fin, ridicule comme un scénario de film français où de mauvais acteurs font semblant de s'aimer et de pleurer.

Le club serait un jeu de rôle malsain, il ne serait pas là pour divertir ou simplement faire passer le temps. Il serait là pour permettre à une génération de petits bourgeois de vivre quelque chose, de ressentir. La trahison, l'inquiétude, la manipulation, la passion qu'est-ce ? Deux individus sans importance qui créent un lien social de l'un vers l'autre, lui attribuent une signification, en font des sentiments, des souvenirs.

Le besoin de socialisation et d'aventure une fois théorisé, psychanalysé, n'est qu'un besoin comme un autre, qu'il faut gérer et assouvir. Le club est la solution.


Comme un roman de Philip K. Dick.

On ne pourrait pas raconter l'histoire du club en parlant du club, il n'a pas de lieu, ni vraiment de temps, personne ne le nomme, aucun groupe Facebook ne le défini. On ne pourrait que décrire ses membres, des êtres vides, aliénés, capables d'une froideur de C++ durant la semaine et d'une émotivité d'érotomane nymphomane durant les quelques heures qu'ils passent avec ceux qu'ils appellent leurs amis.

Ils auraient des noms, mais avec autant de valeur que ceux que l'on donne aux meubles de son salon Ikea ou à son réfrigérateur. Des noms d'animistes.

Pour décrire leurs actions, il faudrait que la narration se colle à eux comme du plasma tiède. On ne pourrait évidement pas adopter leur point de vue, subjectif, mais on pourrait les décrire comme le ferrait un physicien passionné d'une toute nouvelle particule, qui résoudrait tous les problèmes.


Des couches d'intrigues.

Première couche : Les intrigues individuelles de chacun des membres. Elles sauteraient de l'un à l'autre sans raisons apparentes (ni raisons transparentes d'ailleurs).

Deuxième couche : Les intrigues des groupes. Les couples, les cercles, les amis contre les connaissances. Les points de départ de leurs liens sautant sans cesse d'un membre à l'autre, elles seraient impossible à suivre, clignotantes comme un stroboscope à fréquence aléatoire, éclateraient sans cesse, seraient irrésolubles.

Troisième couche : L'intrigue du club. Comment disséminer son existence dans l'histoire sans jamais le nommer, ni le définir, sans l'affirmer. Il faudrait qu'on le comprenne sans le savoir, qu'on l'entende sans qu'il soit produit.

Quatrième couche : Quel est l'intérêt de raconter cette histoire ? Parfois il faut se poser ouvertement la question. La tentation d'arrêter à tout moment de raconter l'histoire d'une génération sans intérêt doit être toujours palpable.