lundi 23 mai 2011

Embryon 07

Anticipation d’une révolution économique basée sur le coton-tige.

Après des années de crise financière dont la fin, sans cesse annoncée, n’arrivait jamais, un gérant de superette trouve une solution pour faire entrer la société dans la décroissance.

L’idée lui vient en constatant que ses clients ouvrent les paquets de coton-tige dans les rayons pour en voler quelques-uns. Ce qui l’étonne c’est qu’il se dit que : tant qu’à voler, autant voler les boites entière. Mais que ferrait ses mamies et ses jeunes mères de famille de kilo de coton-tige ?

Il décide d’ouvrir tous les paquets et de les laisser à la disposition des clients. Sans toutefois indiquer trop clairement qu’ils peuvent se servir gratuitement, de peur que son assureur ne le lâche.

L’initiative attire une quantité toujours plus grande de clients qui ne prennent chacun qu’une dizaine de coton-tige, sans boite. Lorsqu’un produit est donné gratuitement et continuellement on ne ressent pas forcement le besoin de s’en constituer un encombrant stock dans sa salle de bain.

Ces ventes explosent quelques temps mais ses fournisseurs (surtout de coton-tige) lui appliquent des tarifs indécents pour rembourser leurs dettes. C’est le seul magasin qui continue à acheter. Lui, s’endette de plus en plus. Mais foutu pour foutu il décide de mettre tous ses produits en libre-service. (Quand on a 500 000 euros de dettes on est plus à ça prêt).

Ce qui se passe : Les autres magasins engagent des détectives privés pour connaitre son secret (son magasin est toujours plein) mais ne les croient pas lorsqu’ils reviennent avec leurs histoires de coton-tige.

Si il y a des méchants : ce seront forcément des banquiers, des assureurs, des notaires, des actionnaires, des traders… des méchants quoi.

Points de vue possible :

- un détective des galeries Lafayette.

- le magasin lui-même.

- le gérant.

- la caissière.

- le punk qui fait la manche à l’entrée.

Etc.

· La caissière : Vers le milieu de l’histoire elle se demande pourquoi elle passe encore toutes ses journées derrières son tapie-roulant alors que plus aucun client ne paye et qu’elle-même pourrait très bien se servir gratuitement.

C’est le moment où le gérant se retrouve confronté à un problème majeur : comment rendre accessible les haricots en boite sans que les clients ne dégueulassent tout le magasin avec le jus.

Il lui explique tout simplement qu’un magasin sans gentille caissière qui colporte les ragots du quartier ça n’a pas de sens. Il double son salaire. Mais elle se dit que de toute façon elle n’a rien de mieux à faire de ses journées.

· Un huissier vient un jour pour estimer le prix du magasin et de son stock, en vue d’une liquidation judiciaire. Mais voyant les gens heureux se presser aux portes, la caissière enjouée et le gérant l’accueillir à bras ouverts, il se trouve bien disposé.

Il presse le gérant de question : « pourquoi se suicidé économiquement de la sorte ? ». Le gérant répond : « foutu pour foutu ».

Et l’huissier estime le prix du magasin inférieur à ses honoraires. Les créanciers abandonnent les poursuites. Eux aussi se disent « foutu pour foutu ». D’autant que la plupart n’ayant pas été payé depuis plusieurs mois viennent faire leur course dans le magasin en question.

· Le libraire voisin est le dernier spécimen d’une race presque éteinte. L’industrie du livre s’est effondrée. Il n’y a quasiment plus de nouveauté sur ses étagères et toutes sont écrites par les membres de l’académie française qui commence à dangereusement se vider faute d’auteurs pour occuper les sièges vacants.

Lorsque la dernière imprimerie française ferme ses portes, il propose au gérant de lui vendre les murs. Mais ce dernier lui propose plutôt de l’embaucher et de conserver la librairie. Sauf que les livres seraient gratuits. Il lui dit bien que, par contre, il ne pourra pas le payer mais que comme tout le monde, il pourra se servir dans le magasin.

En fait ça ne changeait rien.

Le libraire accepte. Ces seules dépenses étant son loyer, et comme son propriétaire s’est suicidé lors de l’effondrement des prix de l’immobilier et que ses héritiers légitimes et illégitimes n’ont pas fini de s’entre-tuer, il est encore tranquille pour quelques années.

· Pendant ce temps-là, un paysan s’ennuie ferme. Il regarde ses stocks d’aubergine moisirent. Les transporteurs chargés de faire le lien entre les agriculteurs et la coopérative sont en cessation d’activité à cause de la hausse des prix du carburant.

Il demande à sa femme (qu’il a rencontré grâce à une émission de télé-réalité) ce qu’il pourrait bien faire. Elle propose un tour en ville. Ils s’arrêtent dans le magasin, où le gérant propose un concours : « patate gratuite à vie à qui trouvera le moyen de distribuer les haricots en boite sans dégueulasser le magasin. Le paysan trouve la solution : « j’en ai des tonnes moi de haricots et ils ne sont pas en boite. Ils pourrissent juste dans ma grange. Vous n’avez qu’à distribuer ceux-là. »

Reste le problème du transport. Le gérant propose un nouveau concours, remporté par le propriétaire d’un haras ruiné par le manque d’intérêt pour les courses de chevaux depuis que plus personne n’a les moyens de parier.

Et ainsi de suite de concours en concours, alors qu’il n’y a rien a gagné, tout un système économique se créé. Et le magasin perdure et s’agrandit même au grès des faillites des enseignes voisines.

La fin : Jusqu’au jour où se produit une pénurie internationale de coton-tige. Tout le monde devient sourd avant d’avoir pu entendre l’annonce du concours « comment remplacer les coton-tige ? ». Incapable de s’entendre les Hommes se battent, deviennent cannibales et sombrent dans le chaos le plus élémentaire.

Ou toute autres fins qui vous plaira.

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