samedi 5 mars 2011

Embryon 05

Classification.

Genre : Littérature française dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs.

Temps : de nos jours.

Espace : Paris… Paris… Paris…


Le club.

Ce serait avant tout l'histoire d'un club, une association qui se passerait d'autre nom, de nom tout court. Ceux qui en ferraient parti sauraient simplement qu'ils en sont ; et rien d'autre. Ils passeraient leur semaine à travailler, à brasser du vent et de l'argent, à gérer des flux de vide numérisé, à empiler des données. Puis ils se retrouveraient tous les week-ends, pour jouer à la vie, s'inventer des histoires, des situations socialement complexes qui les prendraient aux tripes.

Ainsi, chaque membre du club se retrouverait avec un rôle, interchangeable, à jouer dans une histoire, sans fin, ridicule comme un scénario de film français où de mauvais acteurs font semblant de s'aimer et de pleurer.

Le club serait un jeu de rôle malsain, il ne serait pas là pour divertir ou simplement faire passer le temps. Il serait là pour permettre à une génération de petits bourgeois de vivre quelque chose, de ressentir. La trahison, l'inquiétude, la manipulation, la passion qu'est-ce ? Deux individus sans importance qui créent un lien social de l'un vers l'autre, lui attribuent une signification, en font des sentiments, des souvenirs.

Le besoin de socialisation et d'aventure une fois théorisé, psychanalysé, n'est qu'un besoin comme un autre, qu'il faut gérer et assouvir. Le club est la solution.


Comme un roman de Philip K. Dick.

On ne pourrait pas raconter l'histoire du club en parlant du club, il n'a pas de lieu, ni vraiment de temps, personne ne le nomme, aucun groupe Facebook ne le défini. On ne pourrait que décrire ses membres, des êtres vides, aliénés, capables d'une froideur de C++ durant la semaine et d'une émotivité d'érotomane nymphomane durant les quelques heures qu'ils passent avec ceux qu'ils appellent leurs amis.

Ils auraient des noms, mais avec autant de valeur que ceux que l'on donne aux meubles de son salon Ikea ou à son réfrigérateur. Des noms d'animistes.

Pour décrire leurs actions, il faudrait que la narration se colle à eux comme du plasma tiède. On ne pourrait évidement pas adopter leur point de vue, subjectif, mais on pourrait les décrire comme le ferrait un physicien passionné d'une toute nouvelle particule, qui résoudrait tous les problèmes.


Des couches d'intrigues.

Première couche : Les intrigues individuelles de chacun des membres. Elles sauteraient de l'un à l'autre sans raisons apparentes (ni raisons transparentes d'ailleurs).

Deuxième couche : Les intrigues des groupes. Les couples, les cercles, les amis contre les connaissances. Les points de départ de leurs liens sautant sans cesse d'un membre à l'autre, elles seraient impossible à suivre, clignotantes comme un stroboscope à fréquence aléatoire, éclateraient sans cesse, seraient irrésolubles.

Troisième couche : L'intrigue du club. Comment disséminer son existence dans l'histoire sans jamais le nommer, ni le définir, sans l'affirmer. Il faudrait qu'on le comprenne sans le savoir, qu'on l'entende sans qu'il soit produit.

Quatrième couche : Quel est l'intérêt de raconter cette histoire ? Parfois il faut se poser ouvertement la question. La tentation d'arrêter à tout moment de raconter l'histoire d'une génération sans intérêt doit être toujours palpable.

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