mardi 18 octobre 2011

Embryon 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18

10. Il faudrait écrire un roman tellement violent que le lecteur en ressentirait la douleur.

11. Il faudrait écrire un roman tellement répugnant que le lecteur en vomirait.

12. Il faudrait écrire un roman mortifère qui tuerait vraiment.

13. Il faudrait écrire un roman bien chiant pour les insomniaques.

14. Il faudrait écrire un roman qui se lit en un trajet de métro.

15. Il faudrait écrire un roman érotique (au moins un).

16. Il faudrait écrire un roman tellement triste que le lecteur ne pourrait plus le lire entre ses pleurs.

17. Il faudrait écrire un roman qui permette de s’abstenir de vivre.

18. Il faudrait écrire un roman.

dimanche 19 juin 2011

Embryon 09

« Ce n’est pas si simple, dit-elle. Il ne suffit pas d’un coup de dé pour savoir ce qui se passe ensuite ».

Mais il y aurait un médium. Une trace ésotérique dans chacun d’eux qui les lierait aux autres. Un code.

Un système de paragraphes mis les uns derrière les autres dans un ordre pseudo-aléatoire.

Ce serait un livre. Une histoire fragmentée en paragraphes de tailles variables, comme les données d’un programme linéaire sur un vieux disque-dur avant défragmentation.

Ce serait un livre dont vous estes le cerveau. Il faudrait passer ses pages au peigne fin pour y récolter l’histoire, en bribes. Les agréger dans sa mémoire. En faire un ensemble sensible.

Ce ne serait pas une énigme numérique. L’ordre n’aurait pas d’importance. Ils seraient disposés de manière à ce que seule une vision globale soit compréhensible.

Un livre comme une immense feuille blanche sur laquelle on aurait éclaboussé son récit avant de la plier n’importe comment et de la brocher. Un roman de Burroughs.

Toute exploration linéaire serait impossible.

jeudi 26 mai 2011

Petite digression

L'e-G8 n'est pas fini mais j'ai déjà trouvé la solution donc je la dis (en attendant l'article complet).
Nouveau système de diffusion des livres : un abonnement (max 5€ par mois) qui donne accès à tous les livres numérisés.
On redistribue entre les auteurs en fonction des consultations.
J'attend la lettre de remerciement de Mitterrand (le neveu).

lundi 23 mai 2011

Embryon 08

Il faudrait composer une somme.

Un livre qui dirait tout d’un monde orbitant autour d’un simple « je », humble, qui ne serait rien d’autre qu’un centre arbitraire dans un système infini.

Un livre que l’on pourrait lire une page après l’autre comme un roman. Ou que l’on pourrait attaquer par n’importe quel bout comme un dictionnaire.

Un essai sociologique de fiction. Un scénario de la réalité.

Embryon 07

Anticipation d’une révolution économique basée sur le coton-tige.

Après des années de crise financière dont la fin, sans cesse annoncée, n’arrivait jamais, un gérant de superette trouve une solution pour faire entrer la société dans la décroissance.

L’idée lui vient en constatant que ses clients ouvrent les paquets de coton-tige dans les rayons pour en voler quelques-uns. Ce qui l’étonne c’est qu’il se dit que : tant qu’à voler, autant voler les boites entière. Mais que ferrait ses mamies et ses jeunes mères de famille de kilo de coton-tige ?

Il décide d’ouvrir tous les paquets et de les laisser à la disposition des clients. Sans toutefois indiquer trop clairement qu’ils peuvent se servir gratuitement, de peur que son assureur ne le lâche.

L’initiative attire une quantité toujours plus grande de clients qui ne prennent chacun qu’une dizaine de coton-tige, sans boite. Lorsqu’un produit est donné gratuitement et continuellement on ne ressent pas forcement le besoin de s’en constituer un encombrant stock dans sa salle de bain.

Ces ventes explosent quelques temps mais ses fournisseurs (surtout de coton-tige) lui appliquent des tarifs indécents pour rembourser leurs dettes. C’est le seul magasin qui continue à acheter. Lui, s’endette de plus en plus. Mais foutu pour foutu il décide de mettre tous ses produits en libre-service. (Quand on a 500 000 euros de dettes on est plus à ça prêt).

Ce qui se passe : Les autres magasins engagent des détectives privés pour connaitre son secret (son magasin est toujours plein) mais ne les croient pas lorsqu’ils reviennent avec leurs histoires de coton-tige.

Si il y a des méchants : ce seront forcément des banquiers, des assureurs, des notaires, des actionnaires, des traders… des méchants quoi.

Points de vue possible :

- un détective des galeries Lafayette.

- le magasin lui-même.

- le gérant.

- la caissière.

- le punk qui fait la manche à l’entrée.

Etc.

· La caissière : Vers le milieu de l’histoire elle se demande pourquoi elle passe encore toutes ses journées derrières son tapie-roulant alors que plus aucun client ne paye et qu’elle-même pourrait très bien se servir gratuitement.

C’est le moment où le gérant se retrouve confronté à un problème majeur : comment rendre accessible les haricots en boite sans que les clients ne dégueulassent tout le magasin avec le jus.

Il lui explique tout simplement qu’un magasin sans gentille caissière qui colporte les ragots du quartier ça n’a pas de sens. Il double son salaire. Mais elle se dit que de toute façon elle n’a rien de mieux à faire de ses journées.

· Un huissier vient un jour pour estimer le prix du magasin et de son stock, en vue d’une liquidation judiciaire. Mais voyant les gens heureux se presser aux portes, la caissière enjouée et le gérant l’accueillir à bras ouverts, il se trouve bien disposé.

Il presse le gérant de question : « pourquoi se suicidé économiquement de la sorte ? ». Le gérant répond : « foutu pour foutu ».

Et l’huissier estime le prix du magasin inférieur à ses honoraires. Les créanciers abandonnent les poursuites. Eux aussi se disent « foutu pour foutu ». D’autant que la plupart n’ayant pas été payé depuis plusieurs mois viennent faire leur course dans le magasin en question.

· Le libraire voisin est le dernier spécimen d’une race presque éteinte. L’industrie du livre s’est effondrée. Il n’y a quasiment plus de nouveauté sur ses étagères et toutes sont écrites par les membres de l’académie française qui commence à dangereusement se vider faute d’auteurs pour occuper les sièges vacants.

Lorsque la dernière imprimerie française ferme ses portes, il propose au gérant de lui vendre les murs. Mais ce dernier lui propose plutôt de l’embaucher et de conserver la librairie. Sauf que les livres seraient gratuits. Il lui dit bien que, par contre, il ne pourra pas le payer mais que comme tout le monde, il pourra se servir dans le magasin.

En fait ça ne changeait rien.

Le libraire accepte. Ces seules dépenses étant son loyer, et comme son propriétaire s’est suicidé lors de l’effondrement des prix de l’immobilier et que ses héritiers légitimes et illégitimes n’ont pas fini de s’entre-tuer, il est encore tranquille pour quelques années.

· Pendant ce temps-là, un paysan s’ennuie ferme. Il regarde ses stocks d’aubergine moisirent. Les transporteurs chargés de faire le lien entre les agriculteurs et la coopérative sont en cessation d’activité à cause de la hausse des prix du carburant.

Il demande à sa femme (qu’il a rencontré grâce à une émission de télé-réalité) ce qu’il pourrait bien faire. Elle propose un tour en ville. Ils s’arrêtent dans le magasin, où le gérant propose un concours : « patate gratuite à vie à qui trouvera le moyen de distribuer les haricots en boite sans dégueulasser le magasin. Le paysan trouve la solution : « j’en ai des tonnes moi de haricots et ils ne sont pas en boite. Ils pourrissent juste dans ma grange. Vous n’avez qu’à distribuer ceux-là. »

Reste le problème du transport. Le gérant propose un nouveau concours, remporté par le propriétaire d’un haras ruiné par le manque d’intérêt pour les courses de chevaux depuis que plus personne n’a les moyens de parier.

Et ainsi de suite de concours en concours, alors qu’il n’y a rien a gagné, tout un système économique se créé. Et le magasin perdure et s’agrandit même au grès des faillites des enseignes voisines.

La fin : Jusqu’au jour où se produit une pénurie internationale de coton-tige. Tout le monde devient sourd avant d’avoir pu entendre l’annonce du concours « comment remplacer les coton-tige ? ». Incapable de s’entendre les Hommes se battent, deviennent cannibales et sombrent dans le chaos le plus élémentaire.

Ou toute autres fins qui vous plaira.

vendredi 11 mars 2011

Embryon 06

Genre : Biographie.

Sous-genre : Autobiographie.

Ce serait l’histoire de celui qui la raconte, subjective et inexhaustive.

Elle devrait s’adapter au format de son support. Une page par année, pleine. Et dans la limite des souvenirs directes de l’auteur (sans pouvoir se renseigner).

Toute hiérarchie des évènements serait impossible. La contrainte d’espace, une règle absolue. Les années / pages sans importances devraient être remplies à craquer du peu de souvenir qu’elles contiennent. Les grandes années, bourrées d’évènements et d’aventures seraient bien obligées de se condenser dans trop peu de lignes. Il faudrait rendre au temps sa linéarité artificiellement mathématique.

On ne pourrait pas l’écrire au fur et à mesure. Elle sortirait d’un bloc : 30 pages à 30 ans, 50 à 50 ans, 10 à 10 ans.

La rétroaction serait interdite. On ne peut savoir à 30 ans ce que l’on aurait écrit à 25 et sûrement pas à 20 ou 10.

Si toutefois on voulait l’écrire plusieurs fois, tous les 10 ans par exemple (ou quand on en ressent le besoin), on devrait tout réécrire, et pour ne pas tricher, ne pas relire, jamais, ce qu’on a écrit la fois précédente.

On aurait, à la fin, une somme de vie, plusieurs fois sa vie, vue sous différents angles temporels. Et ainsi peut être, parviendrait on à créer une image immortelle de nous même.

samedi 5 mars 2011

Embryon 05

Classification.

Genre : Littérature française dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs.

Temps : de nos jours.

Espace : Paris… Paris… Paris…


Le club.

Ce serait avant tout l'histoire d'un club, une association qui se passerait d'autre nom, de nom tout court. Ceux qui en ferraient parti sauraient simplement qu'ils en sont ; et rien d'autre. Ils passeraient leur semaine à travailler, à brasser du vent et de l'argent, à gérer des flux de vide numérisé, à empiler des données. Puis ils se retrouveraient tous les week-ends, pour jouer à la vie, s'inventer des histoires, des situations socialement complexes qui les prendraient aux tripes.

Ainsi, chaque membre du club se retrouverait avec un rôle, interchangeable, à jouer dans une histoire, sans fin, ridicule comme un scénario de film français où de mauvais acteurs font semblant de s'aimer et de pleurer.

Le club serait un jeu de rôle malsain, il ne serait pas là pour divertir ou simplement faire passer le temps. Il serait là pour permettre à une génération de petits bourgeois de vivre quelque chose, de ressentir. La trahison, l'inquiétude, la manipulation, la passion qu'est-ce ? Deux individus sans importance qui créent un lien social de l'un vers l'autre, lui attribuent une signification, en font des sentiments, des souvenirs.

Le besoin de socialisation et d'aventure une fois théorisé, psychanalysé, n'est qu'un besoin comme un autre, qu'il faut gérer et assouvir. Le club est la solution.


Comme un roman de Philip K. Dick.

On ne pourrait pas raconter l'histoire du club en parlant du club, il n'a pas de lieu, ni vraiment de temps, personne ne le nomme, aucun groupe Facebook ne le défini. On ne pourrait que décrire ses membres, des êtres vides, aliénés, capables d'une froideur de C++ durant la semaine et d'une émotivité d'érotomane nymphomane durant les quelques heures qu'ils passent avec ceux qu'ils appellent leurs amis.

Ils auraient des noms, mais avec autant de valeur que ceux que l'on donne aux meubles de son salon Ikea ou à son réfrigérateur. Des noms d'animistes.

Pour décrire leurs actions, il faudrait que la narration se colle à eux comme du plasma tiède. On ne pourrait évidement pas adopter leur point de vue, subjectif, mais on pourrait les décrire comme le ferrait un physicien passionné d'une toute nouvelle particule, qui résoudrait tous les problèmes.


Des couches d'intrigues.

Première couche : Les intrigues individuelles de chacun des membres. Elles sauteraient de l'un à l'autre sans raisons apparentes (ni raisons transparentes d'ailleurs).

Deuxième couche : Les intrigues des groupes. Les couples, les cercles, les amis contre les connaissances. Les points de départ de leurs liens sautant sans cesse d'un membre à l'autre, elles seraient impossible à suivre, clignotantes comme un stroboscope à fréquence aléatoire, éclateraient sans cesse, seraient irrésolubles.

Troisième couche : L'intrigue du club. Comment disséminer son existence dans l'histoire sans jamais le nommer, ni le définir, sans l'affirmer. Il faudrait qu'on le comprenne sans le savoir, qu'on l'entende sans qu'il soit produit.

Quatrième couche : Quel est l'intérêt de raconter cette histoire ? Parfois il faut se poser ouvertement la question. La tentation d'arrêter à tout moment de raconter l'histoire d'une génération sans intérêt doit être toujours palpable.

Embryon 04

Classification.

Genre : histoire(s) d'amour(s)

Temps : de l'apparition de la vie sur terre à nos jours.

Espace : dans une société judéo-christianisée.


L'idée

Ce serait mille histoires d'amour alignées les unes derrières les autres comme les couples sur les places mitoyennes du R.E.R.

Ce serait raconté à la troisième personne, objectivement. Toutes les histoires d'amour paraissent exceptionnelles à ceux qui les vivent ; ceux qui affirment le contraire ne le font que par cynisme. En réalité, il n'y a qu'une histoire d'amour, multipliées comme les instances d'un même objet préprogrammé. On en modifie chaque fois quelques variables. On en active quelques booléens. Mais au fond.

La première histoire serait celle de la première créature à gamètes. Celle de l'espèce mythique qui pour la première fois a eu besoin de l'autre pour perdurer, est passée de l'autocréation à la procréation.

Le second évènement marquant occuperait peut être la centième place. Ce serait l'histoire du premier animal homosexuel à aimer l'autre tout en comprenant que toute procréation serait impossible. Le premier à aimer pour créer (quoi ? un lien, une relation, le contraire de la solitude) plutôt que procréer.

Ensuite il n'y aurait plus rien d'intéressant. L'histoire ne ferait que se répéter, des centaines de fois, dans ses infinités de variations infimes, jusqu'à épuisement.

vendredi 11 février 2011

Embryon 03

Classification.

Genre : Polar / fantastique

Sous genre : Possession démoniaque de série B

Temps : Maintenant

Espace : Une ville moyenne d’un pays occidental (ou occidentalisé). Une ville moyenne en France c’est 500 000 habitants, aux Etats-Unis c’est 1,5 millions etc.

En bref.

Une jeune fille a disparu depuis plusieurs jours. L’inspecteur Machin enquête sur sa disparition et découvre que, sous ses apparences d’adolescente stéréotypée et ennuyeuse à mourir, il y a tout un tas de fausses pistes qui feront durer l’histoire. Il apprendra, à un moment ou un autre, que la jeune fille était enceinte et que sa mère est louche. Il n’accordera qu’à la fin sa confiance au père (pour une raison psychanalytique forcément fumeuse). Mais il s’avérera dans les derniers instants que c’était le seul personnage à peu près normal de l’histoire (ou pas selon l’explication choisie).

Divers témoignages (cousins, profs, camarades, ex-petit-copains etc.) le mettront sur la piste de l’occulte et de la sorcellerie. Il croira d’abord à des superstitions d’adolescents désœuvrés, puis, quand la réputation de rebouteuse / sorcière / magicienne / wicca / limite-québécoise de la mère se confirmera, il pensera qu’elle est complètement tarée et la fille complètement aliénée à la folie de sa mère.

Finalement, l’inspecteur retrouvera la fille, comateuse, quelque part dans la campagne environnante (un lieu mystico-hollywoodien de préférence : forêt ou maison réputée hantée, cimetière à messes noires ou, le must, ancien centre d’une secte apocalyptique suicidée en masse à la fin des années 90). On ne retrouvera aucune trace de l’enfant. La mère terrorisée par le retour de sa fille, finira de perdre la raison. La jeune fille ne donnera pas d’explication et ne semblera pas traumatisée le moins du monde. Dans ses yeux brillera une lueur démoniaque qu’on ne lui connaissait pas.

Mais tout cela restera un mystère car, la disparue retrouvée, l’inspecteur Machin n’aura plus d’enquête à mener.

Personnages.

L’inspecteur Machin (il faut bien sûr adapter son nom au pays dans lequel se déroule l’histoire) : est un enquêteur spécialisé dans les cas de personne disparu. La cinquantaine entamée, il a la nostalgie de l’époque où il venait d’être promu et où une affaire d’enlèvement d’enfant résolu lui avait valu son heure de gloire. A l’époque on lui confiait des histoires d’enlèvements malsains, de bébés congelés, de femmes coupées en morceaux. Mais depuis 10 ans il ne se retrouve plus qu’avec des fugues ou des crimes passionnels tout à fait banals. Au début cette enquête l’ennuie, mais lorsqu’il comprend qu’il ya quelque chose de mystico-mystérieux derrière, il y voit l’occasion de son baroud d’honneur.

Bien sûr, l’inspecteur Machin est alcoolique (ou mâche de la sauge, tient ça changera), a un vieux pistolet dont il ne s’est jamais servi, et une maitresse (il a toujours refusé de l’épouser) qui fume beaucoup, est très sage, et est prof d’art plastique, actrice de théâtre, ex-prostituée, ou plus probablement les trois à la fois.

Le père : c’est un type normal. Comptable ou quelque chose comme ça. Il refuse de se poser des questions sur quoi que ce soit. Il paye ses impôts et s’est surement acheté un Ipad dont il ne se sert pas. Les lubies mystiques de sa femme le font sourire et le comportement de sa fille lui parait normal. C’est une fille et en plus elle a 15 ans. Comment pourrait-il la comprendre ? Il n’essaye même pas. Lorsqu’elle disparait, il est dévasté, comme n’importe qui.

Seule ombre au tableau (et l’inspecteur Machin ne manquera pas de tomber dessus), c’est un contrôle de police 3 mois avant la disparition. Il conduisait « dangereusement », mais le test d’alcoolémie s’est avéré négatif. Le rapport dit simplement qu’il était « accompagné d’une jeune femme ayant oublié ses papiers d’identité ». Les agents ayant procédé au contrôle, étant donné l’alcotest et le fait que la femme n’avait l’air ni roumaine, ni arabe, les ont laissé repartir avec un avertissement. Interrogé là dessus, le père niera un peu puis finira par avouer qu’il « ne sait pas ce qui lui a pris » mais qu’il a eu « des rapports sexuels avec une jeune stagiaire » et qu’elle « n’est plus revenue après ça ». Elle s’appelait Christine (ou Julie ou Kimiko). Il ne se souvient plus de son nom de famille.

La mère : Elle pourrait être une ancienne hippie, mais elle est un peu trop jeune alors c’est une ancienne gothique / satanique / romantique / cold/new wave des années 80. Son côté demonic-domina lui a permis de mettre la main sur un jeune cul-serré (de 10 ans son cadet) : le père. Elle s’est empressée de lui coller un gosse histoire d’être sûre de profiter des mânes de ses études de comptabilité. Le temps passant ils ont appris à s’apprécier et forment aujourd’hui un couple plan-plan classique. Elle pratique toujours la sorcellerie de supermarché (rayon ésotérisme à la Fnac) à haute dose et transfert sur sa fille la nostalgie de sa folle jeunesse. Une mère classique de téléréalité en somme.

L’ex-petit-copain : C’est un adolescent tout ce qu’il y a de plus insupportable, prétentieux, timide, flemmard, tuning, David Guetta, vodka. Il n’est plus « en couple » (à cet âge là et sur Facebook, c’est précis) avec « cette pute » par ce qu’elle « suce pas t’as vu » et qu’elle pratique « des trucs chelous » avec sa « rèm, trop chelou, t’as vu ». Il s’avérera qu’il n’est pas la cause de la grossesse de la disparue car sa seule activité sexuelle consiste à baver devant des sites pornographiques que les filtres mis en place par ses parents (médecins ou avocats) ne l’empêche pas de consulter.

Evènement.

Lorsque sa fille est née la mère était la vielle groupie d’un groupe de métal inaudible qui persistait à vouloir percer. Pour se faire remarquer elle jouait la mystérieuse satanique super-calée en pseudoscience. Et pour coller au personnage elle décida de vouer sa fille à Satan lors d’un rituel d’opérette.

15 ans plus tard la jeune fille tombe enceinte (on ne sait pas comment). Elle parvient à le cacher sans difficulté pendant les trois premiers mois, mais des évènements étranges se produisent autour d’elle (ses amis, son petit-copain, son collège sont touchés). Sa mère la pense possédée et tente de lutter contre la malédiction jusqu'à sa disparition.

Peu avant sa disparition, suite aux troubles s’étant produits dans son collège, la jeune fille s’est liée au nouveau conseiller d’orientation Christophe (ou Julien ou Yamato) qui est devenu son confident et ami. Durant l’enquête on ne pourra pas l’interroger parce qu’il aura disparu en même temps que la jeune fille.

Explications, pistes plus ou moins fausses.

Soit la jeune fille est tombée enceinte du conseiller d’orientation. Elle a pu tenter de fuir avec lui puis a changé d’avis après avortement (comment expliquer son état comateux ?), ou se faire enlever par lui pour la forcer à avorter.

Soit elle est simplement partie avorter. Dans ce cas, qu’est ce qu’elle faisait droguée dans les bois (maison hantée etc.) ?

Soit Satan a décidé de récupérer sont dû et a envoyé un de ses sbires pour voler la semence de son père (la stagiaire) pour féconder la fille (le conseiller d’orientation) afin d’en créer une copie à la croissance exceptionnelle qui l’a finalement remplacée dans notre monde alors que la véritable disparue est à présent l’esclave de Satan en enfer.

Soit elle a simplement été se vautrer dans l’alcool et la drogue avec des amis louches. Elle aurait ainsi perdu l’embryon et aurait été retrouvée laissé pour morte par ses compagnons camés.

Soit elle s’est rendue compte que sa mère l’avait dédié à Satan et, étant tombée enceinte par hasard, elle a décidé de reporter la malédiction sur son embryon. Elle aurait alors avorté seule, aurait dédié l’embryon à Satan avant de l’enterrer quelque part.

Soit son ex-petit-copain s’est rendu compte qu’elle était enceinte et supposant qu’elle l’avait trompé, il l’aurait enlevée et livrée à ses copains toxico-tuning qui, à force de viol, auraient provoqué une fausse couche.

Soit le père s’est rendu compte que sa fille était enceinte, a mené son enquête pour retrouver le fautif, et soupçonnant le conseiller d’orientation (et troublé par sa ressemblance avec la stagiaire) a enlevé les deux, tué le conseiller, extrait l’embryon de sa fille à mains nues, mais n’a pas eu la force de la tuer elle aussi.

Soit le père avait en fait passé un pacte avec un incube / succube, durant sa jeunesse, afin de séduire la mère. Et 15 ou 16 ans plus tard le démon a décidé de venir verser son grain de sel en : volant la semence du père comme paiement, volant la fille pour son maitre Satan, fécondant la fille (avec la semence du père) pour se créer un hôte charnel tout neuf par la même occasion.

On peut, bien sûr, encore trouver des dizaines d’explications vaseuses de ce genre, ou en combiner plusieurs.

La fin.

La scène finale est, dans tous les cas, l’arrivée de l’ambulance et des parents à l’endroit où l’inspecteur a retrouvé la fille. Son regard, sûr, fascinant, démoniaque, lorsque les ambulanciers la font monter. Puis les cris déments de la mère qui sait (ou croit) que le démon a, à présent, remplacé sa fille pour toujours.

Pour les sources de plagiat on ira de Rosemary Baby à The last exorcism, et du Malleus Maleficarum à la bite lit la plus vile (dont aucun titre ne me vient), et bien sûr twin peaks et autres œuvres dans le genre.

Embryon 02

Classification.

Style : poésie

Genre : Epopée

Sous genre : Erotique

Temps : de toute éternité

Espace: partout où il y a des Hommes dont le comportement est plus dû à leurs hormones qu’à leur cortex ou leur culture.

Le début.

Ce poème débuterait n’importe quand et n’importe où. Quelqu’un le commencerait un jour, sans vraiment savoir pourquoi, parce que ca lui viendrait. Puis quand il aurait puisé toute la substance qu’il aurait pu en extraire de lui-même, il le transmettrait à un autre qui le continuerait jusqu'à ce que lui-même le transmette, comme une maladie vénérienne dont on guérit lorsqu’on en a assez souffert.

Champs 1 : « le mouvement »

abhorrer, activer, adorer, adoucir, affecter, affectionner, alarmer, aller, allonger, altérer, appréhender, apprendre, apprivoiser, arracher, astiquer, atteindre, atteindre, attendre, attraper, autoriser, avaler, avilir, badiner, balader, balancer, balbutier, batifoler, battre, biaiser, boucher, bouger, brandir, branler, brasser, briser, broyer, caresser, catalyser, catapulter, changer, clignoter, condenser, conduire, conquérir, constater, contracter, convulser, craindre, cuisiner, cultiver, danser, défaire, défaire, défrayer, démettre, déployer, déteindre, détester, développer, divertir, effrayer, embrasser, employer, endormir, endurer, englober, enjoliver, entrer, envelopper, épouser, épuiser, éveiller, expirer, expulser, extraire, exulter, exulter, falsifier, feindre, fendre, fissionner, forcer, fouetter, fractionner, fracturer, frauder, frayer, frictionner, froisser, fusionner, geindre, gémir, germer, gigoter, gonfler, gouter, griffer, griser, grogner, hacher, haleter, handicaper, implanter, infliger, inséminer, inspirer, installer, instaurer, intégrer, interdire, intimider, introduire, invectiver, inventer, joindre, juxtaposer, lacérer, lâcher, lécher, ligoter, lire, luire, lyncher, maitriser, malaxer, malmener, maltraiter, maudire, mentir, mettre, mordiller, mordre, mouiller, naitre, niaiser, nicher, nier, niveler, nuire, obliger, oblitérer, obtenir, offrir, ordonner, oublier, palper, parcourir, parvenir, percer, percer, personnifier, pervertir, pétrir, planter, plaquer, pousser, prédire, prendre, prêter, prier, puiser, puiser, quérir, raccommoder, raccourcir, racler, raconter, rajouter, rappeler, réduire, refaire, remplacer, remplir, renaitre, rendre, renvoyer, repousser, résumer, réussir, revenir, revivre, sentir, soumettre, soupirer, stimuler, stipuler, sublimer, tâtonner, titiller, transcender, transpercer, transpirer, vaincre, vendre, venir, versifier, vider, vieillir, voguer, vomir, vouloir, vriller, zoner etc.

Forme.

Ce poème serait cyclique. Il commencerait lentement, comme un souffle. Puis grandirait calmement jusqu’à ce que, tout à coup, il se déforme, enfle, se disperse en arabesques inutiles, jusqu'à ce qu’il emplisse toute la bouche. Puis ses mots deviendraient cassants et croquants comme du verre pilé sous la dent, et il se condenserait en un lourd paragraphe, plein, dense, dont chaque lettre de chaque mot éclaterait comme une bille de plomb sur un gong. On tenterait en vain de le faire durer. Mais le vocabulaire s’affadirait. Ses mots tournants en rond perdraient leur sens et le poème redeviendrait le souffle lent, presque éteint, qu’il était.

Champs 2 : « les morceaux »

Aisselle, anfractuosité, anus, architecture, auriculaire, avant-bras, banalité, bassin, bave, beauté, bec, biceps, blessure, bouche, bourrelet, bout, bras, broussaille, bulbe, buste, bute, cage, carpe, carrelage, cellule, chaleur, chevelure, cheveu, cheville, cicatrice, cil, clavicule, coccyx, cœur, colonne, corps, cote, cou, coude, crane, creux, cri, crinière, croc, cuisse, dent, derrière, doigt, dos, draps, duvet, écaille, écorce, emplacement, entaille, entrailles, enveloppe, épaule, épine, ergonomie, espace, espacement, estomac, face, faille, fémorale, fente, fesse, feuille, fleur, foie, forme, fourrure, fracture, froideur, front, genou, geste, globe, glotte, gorge, grain, griffe, gueule, haleine, hanche, horizontalité, imitation, index, intestin, jambe, jointure, joue, laideur, larme, lèvre, liberté, limite, liquide, lymphe, mâchoire, maillage, main, mandibule, maquillage, matérialité, mèche, mémoire, menton, modèle, moiteur, mollet, monstre, mont, morceau, morphologie, nature, nerf, nervure, nez, nombril, nuque, odeur, œil, omoplate, ongles, oreille, oreiller, organe, organisme, ornement, orteil, os, pandémonium, parquet, partie, paume, paupière, peau, périnée, péristyle, pied, piercing, pis, plaie, plaine, plante, plastique, plastron, plein, plexus, pliure, plume, poignet, poil, poing, poitrine, pouce, poumon, prisme, proportion, pubis, pue, pulpe, racine, rectangle, rein, réseau, rondeur, rotule, sable, salive, sang, scrotum, sein, senteur, serres, sinus, souffle, souplesse, sourcil, sperme, squelette, sternum, sueur, suture, tache, tarse, tatouage, tempe, terminaison, terrain, tête, téton, thorax, tiédeur, tige, toison, torse, totalité, trachée, tranche, transpiration, trapèze, triomphe, tripe, trou, union, vasque, veine, ventre, ventricule, verdure, verni, vertèbre, verticalité, visage, voix, voute etc.

Forme.

Le point de vu du narrateur évoluerait en fonction du temps que l’auteur aurait passé à composer ce poème. Au début, quand il l’attraperait, il commencerait à la première personne, serait clair, sans être précis, enthousiaste. Il se placerait ensuite entre lui et l’autre, entre deux ressentis discordants. Puis vite il ne serait plus que nous, n’existerait plus au-delà, ne serait pas assez complet pour dire. Il serait alors obscur, mystique, occulte, absolu. Enfin viendrait une sorte d’hiver, à ressasser ses ésotérismes il en aurait perdu la flamme, deviendrait méthodique, descriptif, mécaniste. Il ne parlerait plus que d’eux, les corps encore palpitants de vie, et lui finirait par s’éteindre, tandis que le poème, transmis à tous ses amants serait continué par un autre.

Champs 3 : « les manières »

Abruptement, absolument, abstraitement, abusivement, admirablement, aisément, alternativement, amoureusement, artificiellement, aveuglement, bassement, bénévolement, bestialement, bêtement, bizarrement, bonnement, bravement, brièvement, brillamment, brutalement, bruyamment, calmement, chaudement, clairement, clairement, concrètement, conformément, couardement, courageusement, cupidement, cycliquement, débilement, délicatement, délicieusement, doucement, durement, élégamment, éperdument, épileptiquement, étrangement, évidemment, facilement, faiblement, faussement, forcement, fragilement, froidement, gaiment, gentiment, goulument, grossièrement, hâtivement, hautement, honteusement, immédiatement, immensément, impunément, indument, inévitablement, insolemment, intelligemment, intensément, inutilement, largement, lentement, lentement, logiquement, longuement, malheureusement, méchamment, mesquinement, mollement, négligemment, nettement, nuitamment, outrancièrement, parfaitement, particulièrement, péniblement, petitement, pleinement, poliment, précisément, profondément, prudemment, puissamment, quotidiennement, rapidement, réellement, régulièrement, richement, rudement, rythmiquement, savamment, sciemment, sèchement, sérieusement, tangiblement, tendrement, traitreusement, universellement, utilement, utilement, vélocement, vénalement, violement, virtuellement, vivement, voracement, vraiment etc.

Forme.

Entre deux cycles le poème suivrait de longues périodes monotones de vers, tous semblables ou presque, des listes d’actes vains. Chacun serrait construit comme suit : « SUJET (un pronom, un prénom) [mouvement] DETERMINANT POSSESSIF [morceau] [qualificatif] » et l’on ajouterait une [manière], n’importe où, car elle n’a pas d’importance.

Je revis mes creux tremblants, lentement.

Nous allongeons, tendrement, nos cranes faciles.

Ils plaquent leurs coudes, étrangement tendres.

Cécile, péniblement, instaure ses anfractuosités.

Etc.

Champs 4 : « les qualificatif »

Absolu, absous, acide, affreux, agressif, amère, ardent, ardu, artificiel, autre, beau, besogneux, bien, bizarre, blanc, bleu, blond, brun, bruyant, caché, chaud, cognitive, corrompu, crispé, débile, décharné, délicat, dense, déviant, difforme, doux, droit, effectif, efficace, effroyable, élastique, énervant, ennuyeux, entêtant, éphémère, ésotérique, éthérée, étrange, facile, faible, fécond, filandreux, fleuri, froid, granuleux, gras, hasardeux, hideux, honteux, huilé, humide, hypocrite, invisible, irrésistible, jaune, juste, liquide, lourd, luisant, lumineux, maigre, malléable, massif, médiéval, mielleux, moite, moite, mou, mystique, noir, obscure, opérant, orange, pâteux, pauvre, perpétuel, pesant, plaisant, plein, poisseux, pourris, prétentieux, puissant, rachitiques, rouge, roux, salé, sec, sensible, sensible, silencieux, simple, sincère, sociable, sombre, souple, sournois, sucré, tendre, tentant, tordu, triste, vague, velu, vert, vide, vierge, violent, virtuel, visible, visqueux etc.

La fin.

Le poème prendrait fin à la mort du dernier amant du monde.

Elles font pivoter leurs index jaunes, inutilement.

mardi 18 janvier 2011

Embryon 01

Classification.

Genre : Science-fiction

Sous genre : Cyberpunk

Temps : futur proche indéterminé

Espace : Le Paris dévasté par les tensions sociales d'une Europe qui sombre dans le tiers-monde. Les vastes plaines abandonnées qui séparent les mégalopoles.

En vrac.

Virnem Quak : ce nom ridicule de série Z est dû au pseudonyme du héros d'un jeu vidéo mythique (il y a plus de cinquante ans). Virnem était le premier à avoir atteint le niveau maximal, à avoir aboli les frontières entre le virtuel et le réel. Aujourd'hui c'est une vielle histoire et tout le monde s'en moque.

« Quak » vient d'une époque encore plus lointaine, baptisée « libération de l'individu » ou chacun, sous prétexte d'autodétermination, put choisir librement son nom de famille. Un des aïeux de Virnem, un peu porté sur la boisson, se choisit un nom de bière belge et le porta fièrement jusqu'à ce que la mode de la libération de l'individu s'évanouisse et que le nom reste définitivement.

Virnem Quak est régulateur, son métier consiste à vérifier sans relâche la sécurité du Système de gestion des individus mis en place par la Datosan pour le compte d'un gouvernement dépravé qui s'accroche à ses miettes de pouvoir. Après 10 ans de bons et loyaux services (on est formé à un métier (choisi sur critères génétiques et résultats psychotechniques) dès l'âge de 12 ans par l'entreprise qui vous embauchera 3 ans plus tard), il découvre une faille monumentale de ce système qui gère, sous couvert de faciliter la vie de tout le monde, tout le système social, la vie de chaque individu. Plutôt que de la signaler et de tenter de la combler, il décide de s'en servir pour s'effacer du Système, des mémoires, se rendre libre. Ici liberté rime avec inexistence. C'est une peur panique pour tous les gens de ce monde de se voir rayés des listes, sortir du Système. Des légendes courent sur « des gens » qui se seraient fait effacer par la Datosan, auraient disparu du jour au lendemain sans laisser de trace pas même dans les mémoires de leurs proches.

Le Système de gestion des individus enregistre tout ce que font les gens, leurs déplacements, leurs paroles, ce qu'ils mangent, qui ils fréquentent, tout sauf leurs pensées (en théorie). Il analyse ensuite ces informations et prend tout un tas de mesures pour leur rendre la vie plus facile. Mais il récompense ainsi un certain type de comportement, le comportement de la majorité (il est plus simple de rendre la vie plus facile à tout le monde si tout le monde veux la même chose).

Le Système n'est pas centralisé, il n'y a pas de superordinateur qui déciderait pour tout le monde et encore moins d'individu (ou de groupe) isolé qui dirigerait dans l'ombre, chacun participe activement et volontairement au Système, l'influençant sans se rendre compte qu'il l'influence plus encore en retour.

Paris est déchiré en différentes zones urbaines chacune réservée à une partie de la population. Selon sa zone d'origine, un individu a l'autorisation d'aller dans un certain nombre d'autres zones ou se retrouve cantonné dans la sienne. La limite de chaque zone est marquée par une frontière qui peut prendre la forme de simples coordonnées GPS ou celle d'immenses murs barbelés et bardés de miradors (selon les zones qu'elles séparent). Au-delà des zones civilisées il y a les zones incontrôlées (aussi appelées « zones barbares ») où règnent des bandes plus ou moins organisées dont chaque membre rêve d'obtenir un passe pour les zones civilisées, un acte de citoyenneté.

La vie dans les zones barbares n'est pas aussi terrible qu'on pourrait l'imaginer, elle est simplement plus « médiévale ». Un fossé technologique les sépare des zones civilisées. Les signes de technologie les plus avancés sont les éoliennes qui peinent à recharger les quelques batteries usées encore en état de marche. Les dernières gouttes de pétrole ayant déjà brulé il y a des dizaines d'années le seul moyen de voyager est la marche (il n'y a évidement plus aucun animal hormis les rats et les insectes), ce qui donne aux territoires sauvages séparant les zones urbaines des allures d'immensités.

La majorité de la population non citoyenne (les barbares) vit agglutinée dans des bidonvilles proches des frontières. Mais au-delà, les campagnes sont calmes et peu peuplées.

Pour disparaitre il ne suffira pas à Virnem Quak de passer la frontière, de l'autre côté personne ne veut de lui. Tout le monde le jalouse, personne ne peut le comprendre et à tout moment une équipe de secours de la Datosan risque de débarquer pour le ramener à sa place, de gré ou de force. Le système doit veiller au bien être de chacun, contre son gré s'il le faut.

Pour s'effacer du système, pour vraiment disparaitre, il devra utiliser des données sensibles détenues par la Sakata Corporation, une entreprise spécialisée dans les biotechnologies. Il créera ainsi un black-out du système de quelques minutes, juste le temps pour lui de s'effacer. Lorsque tout aura redémarré, il aura disparu.

Eléments.

Virnem Quak : le héro classique cyberpunk, shooté à la technologie (informatique, chimique etc.), un peu désabusé. Il agit sans se demander pourquoi, puisqu'il faut faire quelque chose pourquoi pas ça. S'effacer pour lui est un défi d'un genre particulier, qu'il réussisse ou pas, personne ne le constatera, il n'y a pas de gloire ou de honte à la clef. Il ne le fait pas vraiment pour être libre, cette idée n'existe pas dans son monde. Il exploite la faille simplement par ce qu'il peut le faire. Il n'est pas empli de bons sentiments, n'est pas révolutionnaire, l'idée de libérer ses concitoyens du Système ne lui effleure pas l'esprit.

La Datosan : est une entreprise sympathique ou tout le monde se tutoie et va jouer au squash ensemble. Personne ne doute de l'utilité primordiale du Système de gestion des individus, et chacun se réjouit de tous les bienfaits d'un tel système.

La plupart des employés sont des techniciens dont le rôle est de mettre en place les décisions du système : livraison de nourriture, d'électroménager, changement d'ampoule, petite réparation, affichage, animation ou participation à des émissions télé etc. L'autre grosse majorité est constituée de techniciens réseaux dont la mission et de vérifier que l'électronique de la Datosan (qui s'étend dans chaque recoins des zones civilisés et même un peu au-delà) est en bon état. Viennent ensuite les régulateurs, les seuls à avoir accès au code du Système, qui sont en charge de vérifier que tout fonctionne correctement, et de trouver des solutions si ce n'est pas le cas. Enfin il existe une poigné de programmeurs, censés modifier le Système lorsque le gouvernement décide d'une nouvelle loi. Mais cela n'a jamais été fait et il y a longtemps que programmeur est devenu un titre honorifique et que plus personne n'est capable de modifier quoi que ce soit (sauf Virnem Quak bien évidemment).

Il n'y a pas de hiérarchie dans la Datosan, pas de décideur, les actionnaires sont les employés. Chacun reçoit ses ordres du Système et les exécute sans poser de questions (de toute façon il n'y a personne à qui les poser).

La milice républicaine : s'il y a une raison pour laquelle personne ne remet en cause les bienfaits du Système de la Datosan c'est que toutes les craintes sont dirigées et captées par la milice républicaine. Ses membres vivent dans des zones interdites, ne se déplacent que le long des frontières gardées et ne se mêlent jamais au reste des citoyens. Pour la plupart des habitants ils ne sont que des spectres noirs, effrayants et accusateurs, et tout est fait pour que cela reste ainsi (il est interdit de leur parler et sous leurs masques à gaz on ne voit jamais leur visage). En générale personne ne parle de la milice et on ne croise ses agents qu'honteux, lorsque l'on traverse les frontières des zones civilisées les plus sulfureuses, et pourtant ils semblent être partout car très souvent les techniciens de la Datosan reçoivent des séries d'affiches, soit disant rassurantes, ou ils sont représentés, dans leurs armures noires bardées d'armes et de gadgets mystérieux, enrobés de slogans du type « la milice veille sur les nuits de vos enfants ».

En réalité les miliciens sont des citoyens comme les autres, cantonnées à leurs quartiers tranquilles et verdoyants. Ils ne suivent qu'un court entrainement militaire et ne se servent (mis à part de temps en temps sur les frontières des zones barbares) jamais de leurs armes. Personne ne le sait vraiment mais la gestion de la milice (et de la vie des miliciens) est comme le reste de la société entièrement sous-traitée par la Datosan et donc par le Système.

La Sakata corporation : est spécialisée dans les biotechnologies et en particulier dans la production de nourriture. Sa principale activité est de faire « pousser » de la nourriture pour l'ensemble des zones civilisées. Pour cela elle dispose d'un certain nombre d'organismes au code génétique breveté, qui produisent une quantité phénoménale de nutriments tout en consommant très peu d'énergie. Ces « pâtes » sont ensuite revendues à différentes enseignes de restauration ou de grande distribution qui y ajoutent arômes et colorants et les revendent sous des formes diverses.

Contrairement à la Datosan, Sakata à très peu d'employés et suit une structure pyramidale dont la tête est constituée d'un petit groupe d'actionnaires richissimes faisant partis de l'Opposition.

En parallèle Sakata a développé une activité de modification et de sélection génétique appliquée à l'Homme. Sans être secrète cette activité est discrète et réservée au cercle des quelques milliers de milliardaires des zones civilisées (et, parfois, de quelques caïds des zones barbares), qui se plaisent à changer d'apparence, guérir des pires maladies ou choisir leurs enfants sur catalogue. Ces modifications génétiques, en changeant tous les indicateurs utilisés par le réseau de la Datosan pour reconnaitre les individus, doivent être dûment enregistrées par le Système. Pour ce faire Sakata dispose d'un accès privilégié (réservé à ses cadres les plus supérieurs) à certaines données du système. C'est cet accès qu'utilisera Virnem pour faire planter le Système et s'effacer des bases de données.

Eléments secondaires.

La fille : (parce qu'il faut bien qu'il y en ait une) Elle connaitra Virnem de longue date, devinera sa décision, ne la comprendra pas, et sera la seule à le reconnaitre une fois effacé.

La mère : ce sera une championne internationale (si ce mot veut encore dire quelque chose) de jeux vidéo à la retraite. Elle n'aura que faire de son fils (qu'elle a acheté à Sakata sur un coup de tête), et ne pensera qu'à entretenir ses amants et à se saouler au tord-boyaux.

Le père : Technicien réseaux de la Datosan et ancien playboy il devinera les intentions de son fils et fera tout pour l'arrêter, mais une fois effacé il ne reconnaitra plus son fils.

Les gorges rouges : « association » militante des zones barbares, ils viennent en aide aux milliers de postulants à la citoyenneté qui s'amassent le long des frontières, tentent de maintenir un certain ordre social. Ils seront les seuls à ne pas se montrer trop violent envers Virnem (lorsqu'il passera la frontière à un moment ou un autre).

Le gouvernement : est un reste de république démocratique. Deux camps s'affrontent depuis des dizaines (centaines ?) d'années, le Parti (au pouvoir depuis toujours) et l'Opposition (qui tente de le prendre). Aucun des deux n'a véritablement d'idées politiques ou sociales et les individus en changent selon leur humeur ou les avis de leurs amis. Le vote est obligatoires mais peut se faire de chez soit en moins de 10 secondes. Le Système s'arrange toujours pour que le Parti gagne de justesse. La politique est une distraction pour bourgeois désœuvrés.

La fin.

Virnem Quak parviendra finalement à s'effacer du Système et disparaitra dans les plaines sauvages des zones barbares. Le Système (ni personne si ce n'est la fille) ne se souviendra pas de lui, il analysera simplement le plantage et mettra tout un tas de mesures en place pour que les modifications génétiques passent de mode ce qui suffira à combler sa faille.

« Datosan » est une invention de Guillaume Porte et « Sakata corporation » une invention d'Olivier Michalsky. Cette histoire doit beaucoup à l’œuvre d’anticipation de John Brunner.