mardi 18 janvier 2011

Embryon 01

Classification.

Genre : Science-fiction

Sous genre : Cyberpunk

Temps : futur proche indéterminé

Espace : Le Paris dévasté par les tensions sociales d'une Europe qui sombre dans le tiers-monde. Les vastes plaines abandonnées qui séparent les mégalopoles.

En vrac.

Virnem Quak : ce nom ridicule de série Z est dû au pseudonyme du héros d'un jeu vidéo mythique (il y a plus de cinquante ans). Virnem était le premier à avoir atteint le niveau maximal, à avoir aboli les frontières entre le virtuel et le réel. Aujourd'hui c'est une vielle histoire et tout le monde s'en moque.

« Quak » vient d'une époque encore plus lointaine, baptisée « libération de l'individu » ou chacun, sous prétexte d'autodétermination, put choisir librement son nom de famille. Un des aïeux de Virnem, un peu porté sur la boisson, se choisit un nom de bière belge et le porta fièrement jusqu'à ce que la mode de la libération de l'individu s'évanouisse et que le nom reste définitivement.

Virnem Quak est régulateur, son métier consiste à vérifier sans relâche la sécurité du Système de gestion des individus mis en place par la Datosan pour le compte d'un gouvernement dépravé qui s'accroche à ses miettes de pouvoir. Après 10 ans de bons et loyaux services (on est formé à un métier (choisi sur critères génétiques et résultats psychotechniques) dès l'âge de 12 ans par l'entreprise qui vous embauchera 3 ans plus tard), il découvre une faille monumentale de ce système qui gère, sous couvert de faciliter la vie de tout le monde, tout le système social, la vie de chaque individu. Plutôt que de la signaler et de tenter de la combler, il décide de s'en servir pour s'effacer du Système, des mémoires, se rendre libre. Ici liberté rime avec inexistence. C'est une peur panique pour tous les gens de ce monde de se voir rayés des listes, sortir du Système. Des légendes courent sur « des gens » qui se seraient fait effacer par la Datosan, auraient disparu du jour au lendemain sans laisser de trace pas même dans les mémoires de leurs proches.

Le Système de gestion des individus enregistre tout ce que font les gens, leurs déplacements, leurs paroles, ce qu'ils mangent, qui ils fréquentent, tout sauf leurs pensées (en théorie). Il analyse ensuite ces informations et prend tout un tas de mesures pour leur rendre la vie plus facile. Mais il récompense ainsi un certain type de comportement, le comportement de la majorité (il est plus simple de rendre la vie plus facile à tout le monde si tout le monde veux la même chose).

Le Système n'est pas centralisé, il n'y a pas de superordinateur qui déciderait pour tout le monde et encore moins d'individu (ou de groupe) isolé qui dirigerait dans l'ombre, chacun participe activement et volontairement au Système, l'influençant sans se rendre compte qu'il l'influence plus encore en retour.

Paris est déchiré en différentes zones urbaines chacune réservée à une partie de la population. Selon sa zone d'origine, un individu a l'autorisation d'aller dans un certain nombre d'autres zones ou se retrouve cantonné dans la sienne. La limite de chaque zone est marquée par une frontière qui peut prendre la forme de simples coordonnées GPS ou celle d'immenses murs barbelés et bardés de miradors (selon les zones qu'elles séparent). Au-delà des zones civilisées il y a les zones incontrôlées (aussi appelées « zones barbares ») où règnent des bandes plus ou moins organisées dont chaque membre rêve d'obtenir un passe pour les zones civilisées, un acte de citoyenneté.

La vie dans les zones barbares n'est pas aussi terrible qu'on pourrait l'imaginer, elle est simplement plus « médiévale ». Un fossé technologique les sépare des zones civilisées. Les signes de technologie les plus avancés sont les éoliennes qui peinent à recharger les quelques batteries usées encore en état de marche. Les dernières gouttes de pétrole ayant déjà brulé il y a des dizaines d'années le seul moyen de voyager est la marche (il n'y a évidement plus aucun animal hormis les rats et les insectes), ce qui donne aux territoires sauvages séparant les zones urbaines des allures d'immensités.

La majorité de la population non citoyenne (les barbares) vit agglutinée dans des bidonvilles proches des frontières. Mais au-delà, les campagnes sont calmes et peu peuplées.

Pour disparaitre il ne suffira pas à Virnem Quak de passer la frontière, de l'autre côté personne ne veut de lui. Tout le monde le jalouse, personne ne peut le comprendre et à tout moment une équipe de secours de la Datosan risque de débarquer pour le ramener à sa place, de gré ou de force. Le système doit veiller au bien être de chacun, contre son gré s'il le faut.

Pour s'effacer du système, pour vraiment disparaitre, il devra utiliser des données sensibles détenues par la Sakata Corporation, une entreprise spécialisée dans les biotechnologies. Il créera ainsi un black-out du système de quelques minutes, juste le temps pour lui de s'effacer. Lorsque tout aura redémarré, il aura disparu.

Eléments.

Virnem Quak : le héro classique cyberpunk, shooté à la technologie (informatique, chimique etc.), un peu désabusé. Il agit sans se demander pourquoi, puisqu'il faut faire quelque chose pourquoi pas ça. S'effacer pour lui est un défi d'un genre particulier, qu'il réussisse ou pas, personne ne le constatera, il n'y a pas de gloire ou de honte à la clef. Il ne le fait pas vraiment pour être libre, cette idée n'existe pas dans son monde. Il exploite la faille simplement par ce qu'il peut le faire. Il n'est pas empli de bons sentiments, n'est pas révolutionnaire, l'idée de libérer ses concitoyens du Système ne lui effleure pas l'esprit.

La Datosan : est une entreprise sympathique ou tout le monde se tutoie et va jouer au squash ensemble. Personne ne doute de l'utilité primordiale du Système de gestion des individus, et chacun se réjouit de tous les bienfaits d'un tel système.

La plupart des employés sont des techniciens dont le rôle est de mettre en place les décisions du système : livraison de nourriture, d'électroménager, changement d'ampoule, petite réparation, affichage, animation ou participation à des émissions télé etc. L'autre grosse majorité est constituée de techniciens réseaux dont la mission et de vérifier que l'électronique de la Datosan (qui s'étend dans chaque recoins des zones civilisés et même un peu au-delà) est en bon état. Viennent ensuite les régulateurs, les seuls à avoir accès au code du Système, qui sont en charge de vérifier que tout fonctionne correctement, et de trouver des solutions si ce n'est pas le cas. Enfin il existe une poigné de programmeurs, censés modifier le Système lorsque le gouvernement décide d'une nouvelle loi. Mais cela n'a jamais été fait et il y a longtemps que programmeur est devenu un titre honorifique et que plus personne n'est capable de modifier quoi que ce soit (sauf Virnem Quak bien évidemment).

Il n'y a pas de hiérarchie dans la Datosan, pas de décideur, les actionnaires sont les employés. Chacun reçoit ses ordres du Système et les exécute sans poser de questions (de toute façon il n'y a personne à qui les poser).

La milice républicaine : s'il y a une raison pour laquelle personne ne remet en cause les bienfaits du Système de la Datosan c'est que toutes les craintes sont dirigées et captées par la milice républicaine. Ses membres vivent dans des zones interdites, ne se déplacent que le long des frontières gardées et ne se mêlent jamais au reste des citoyens. Pour la plupart des habitants ils ne sont que des spectres noirs, effrayants et accusateurs, et tout est fait pour que cela reste ainsi (il est interdit de leur parler et sous leurs masques à gaz on ne voit jamais leur visage). En générale personne ne parle de la milice et on ne croise ses agents qu'honteux, lorsque l'on traverse les frontières des zones civilisées les plus sulfureuses, et pourtant ils semblent être partout car très souvent les techniciens de la Datosan reçoivent des séries d'affiches, soit disant rassurantes, ou ils sont représentés, dans leurs armures noires bardées d'armes et de gadgets mystérieux, enrobés de slogans du type « la milice veille sur les nuits de vos enfants ».

En réalité les miliciens sont des citoyens comme les autres, cantonnées à leurs quartiers tranquilles et verdoyants. Ils ne suivent qu'un court entrainement militaire et ne se servent (mis à part de temps en temps sur les frontières des zones barbares) jamais de leurs armes. Personne ne le sait vraiment mais la gestion de la milice (et de la vie des miliciens) est comme le reste de la société entièrement sous-traitée par la Datosan et donc par le Système.

La Sakata corporation : est spécialisée dans les biotechnologies et en particulier dans la production de nourriture. Sa principale activité est de faire « pousser » de la nourriture pour l'ensemble des zones civilisées. Pour cela elle dispose d'un certain nombre d'organismes au code génétique breveté, qui produisent une quantité phénoménale de nutriments tout en consommant très peu d'énergie. Ces « pâtes » sont ensuite revendues à différentes enseignes de restauration ou de grande distribution qui y ajoutent arômes et colorants et les revendent sous des formes diverses.

Contrairement à la Datosan, Sakata à très peu d'employés et suit une structure pyramidale dont la tête est constituée d'un petit groupe d'actionnaires richissimes faisant partis de l'Opposition.

En parallèle Sakata a développé une activité de modification et de sélection génétique appliquée à l'Homme. Sans être secrète cette activité est discrète et réservée au cercle des quelques milliers de milliardaires des zones civilisées (et, parfois, de quelques caïds des zones barbares), qui se plaisent à changer d'apparence, guérir des pires maladies ou choisir leurs enfants sur catalogue. Ces modifications génétiques, en changeant tous les indicateurs utilisés par le réseau de la Datosan pour reconnaitre les individus, doivent être dûment enregistrées par le Système. Pour ce faire Sakata dispose d'un accès privilégié (réservé à ses cadres les plus supérieurs) à certaines données du système. C'est cet accès qu'utilisera Virnem pour faire planter le Système et s'effacer des bases de données.

Eléments secondaires.

La fille : (parce qu'il faut bien qu'il y en ait une) Elle connaitra Virnem de longue date, devinera sa décision, ne la comprendra pas, et sera la seule à le reconnaitre une fois effacé.

La mère : ce sera une championne internationale (si ce mot veut encore dire quelque chose) de jeux vidéo à la retraite. Elle n'aura que faire de son fils (qu'elle a acheté à Sakata sur un coup de tête), et ne pensera qu'à entretenir ses amants et à se saouler au tord-boyaux.

Le père : Technicien réseaux de la Datosan et ancien playboy il devinera les intentions de son fils et fera tout pour l'arrêter, mais une fois effacé il ne reconnaitra plus son fils.

Les gorges rouges : « association » militante des zones barbares, ils viennent en aide aux milliers de postulants à la citoyenneté qui s'amassent le long des frontières, tentent de maintenir un certain ordre social. Ils seront les seuls à ne pas se montrer trop violent envers Virnem (lorsqu'il passera la frontière à un moment ou un autre).

Le gouvernement : est un reste de république démocratique. Deux camps s'affrontent depuis des dizaines (centaines ?) d'années, le Parti (au pouvoir depuis toujours) et l'Opposition (qui tente de le prendre). Aucun des deux n'a véritablement d'idées politiques ou sociales et les individus en changent selon leur humeur ou les avis de leurs amis. Le vote est obligatoires mais peut se faire de chez soit en moins de 10 secondes. Le Système s'arrange toujours pour que le Parti gagne de justesse. La politique est une distraction pour bourgeois désœuvrés.

La fin.

Virnem Quak parviendra finalement à s'effacer du Système et disparaitra dans les plaines sauvages des zones barbares. Le Système (ni personne si ce n'est la fille) ne se souviendra pas de lui, il analysera simplement le plantage et mettra tout un tas de mesures en place pour que les modifications génétiques passent de mode ce qui suffira à combler sa faille.

« Datosan » est une invention de Guillaume Porte et « Sakata corporation » une invention d'Olivier Michalsky. Cette histoire doit beaucoup à l’œuvre d’anticipation de John Brunner.

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